O solitude Ma distance que j’adore
Comme une étoile aveugle en son reflet s’oublie
J’écoute en moi veiller le cygne de l’aurore
Loin de toute haine toute peine abolie

O cimes espacées Lys infini des brumes
Vertige des pentes Écho bleu des silences
Sacre des cascades Azur vif des distances
Voici venir les vents que la neige consume

L’envergure du soir descend et s’évapore
Sur l’envers blanc du monde ou les plaines reposent
Là-bas dans la vallée le fleuve est incolore
L’onde invisible élude une barque d’esclaves
Une chaumière fume en ses portes encloses
Tout est seul Le vide dénude ses épaves

Je songe au monde ancien façonné de prestige
Je suis l’eau déployée je suis l’orbe scellé
Je suis l’éphémère que nul remords n’oblige
Sauvé de la peine Protégé des tumultes
Du rayon fou du jour mon sang est isolé
Je suis seul Le temps va Son labour reste inculte

Vous voici ma plainte que voulez-vous si douce
Pour verser sur ma paix cette pluie blanche amère
J’entends J’entends chanter la grâce de vos sources
Et je vois …Ah le soir est rouge et désespère

Hauts morfils des cimes Nativité des temps
Arche si coutumière et pourtant si lointaine
Une éternité vierge entonne son antienne
Je suis si seul dans l’intimité du levant

En toute île se cache une rive radieuse
Toujours luit en mon âme une lune veilleuse
N’aurait-il donc fallu pour que je vive encore
Que cette absence amie dont l’essor vain effleure
La tremblante écume de ma harpe intérieure
O solitude ma distance que j’adore

 

©hervéhulin