Théodule ne croit pas que le Christ ait pu ressusciter au troisième jour, et même marcher sur l’eau ; c’était une époque de superstition et de grande fièvre mystique. Il ne croit pas que l’homme ait véritablement marché sur la lune ; ce sera plutôt un habile montage de cinéma, qui permet aux masses de rêver d’un avenir meilleur. Qu’un chien soit capable de retrouver son maître à cent kilomètres par l’odorat. Et que les escargots changent de sexe avec la pluie.  Il ne croit pas non plus aux vertus préventives des vaccins, ni à l’homéopathie, et encore moins à la médecine traditionnelle chinoise ; pour tout dire, il ne croit pas à la psychanalyse. Tout cela n’a pas de sens, sauf à endormir les anxieux. Et encore moins aux capacités excitantes de la caféine, comme à celles plus discrètes mais recherchées, du ginseng. A lui, tout cela ne fait aucune sorte d’effet. Il ne croit pas non plus que la consommation de haricots occasionne des flatulences ; d’ailleurs, lui-même n’en mange jamais, et il souffre pourtant de ballonnements chroniques.

Mais voici que son journal du jour lui est apporté. Il se précipite sur l’horoscope, et appelle son épouse pour lui faire partager la nouvelle : on a découvert des traces du yéti vers un des plus lointains sommets de l’Himalaya.