Comme une ombre qui vient sur les blés et la plaine
Une tache de sang sur la neige a brûlé
Le fragile sarment d’une paix bien ancienne
Le temps que prend l’écho d’un sanglot écoulé
Sous l’éclair, solitude, et frayeur sous l’orage ;
Cet hiver écarlate a lâché ses périls,
Et dans le ciel enfui, les neiges en exil,
Avec l’or du matin, en tremblant, s’encouragent.
Toujours la blessure l’emporte sur l’accord,
Le vide sur l’astre, quand même la nuit pleure.
Et rien des peuples morts ne justifie le sort
Car l’homme est ainsi fait qu’il tue ce qu’il effleure.
L’Hoverla soudain gris, le Borysthène est triste.
Tout ce que la brume, tout ce que l’horizon,
Et tout ce que le songe ont permis de raison
Se relèvent à l’Est où chaque mot résiste.
Et tandis que saigne sous un mauvais destin
Ce corps blanc qui se noie dans sa plainte et sa peine,
Le vent tourmente et sème un cauchemar d’airain.
Car le monde est soudain noir et rouge en Ukraine.
3 mars 2022
©Hervé Hulin, tous droits réservés.