Un étrange abandon pleure sur mon désert
Pluie fervente et douce Palme au-dessous des cieux
Quelque chose a passé qui reste dans les airs
Comme un miroir cendré à l’étain soucieux

Ruine d’un empire sous la buée qui se fige
Ainsi s’est élevé au lieu du jour enfui
-Transe de l’abîme trahi dans son vertige –
Le halo grisonnant d’un monde évanoui

Blonde ferveur de l’aube où le seuil immobile
S’éloigne et s’assombrit Qui sauvera en moi
Ce désert écarlate où les oiseaux sont rois
Je n’ai jamais aimé que ce velours fragile

J’ai trouvé peu de mots J’ai déçu bien des choses
Je ne sais où j’allais Le jour brûle à mes yeux
Je vois fumer l’or pur des silences précieux
Je vois bleuir l’eau trouble où le prisme se pose

Dans le cercle terni des vastes habitudes
L’enfant veilleur s’en va Comme un soir qui se perd
Laisse dans son tracé brûler un rayon vert
Sonnant d’un seul accord puis reprend son prélude

Chaque jour son regret – Fou qui me croyais sage !
Que n’ai-je un monde à moi une sphère pensive
Grandir est un soleil dont l’hiver est sans âge
Mais vivre est un rivage où les eaux sont furtives

 

©hervehulin