Il pleut discrètement sur le front des collines
Un fleuve ailé disperse un sentiment de larmes
Et de l’herbe l’odeur et des ormes le suaire
Une eau invisible neige et vole et libère
Les reliefs indigo dont s’estompent les lignes
Mon humeur file en vain le lin noir de son charme
Il bruine en oscillant sous ma source mineure
Qui me baigne et me saigne à n’en savoir que vivre
Mêlé dans ce filet que la lumière affleure
Je ne sais pourquoi luit cette pluie saturnale
L’air blanc dissipe sa pesanteur qui s’enivre
Et poursuit le secret d’un hiver aussi pâle
Pourtant, la bruine est douce au profil d’un visage
Absente elle plie sur la peau qui la tente
Et sur l’eau d’un même son fait silence et chante.
Elle voile d’étain le bleu des paysages
Dont la courbe est docile à ce discret prestige
Et s’éclaire en captant cet argent qui voltige
Ah Bruines de ma plainte Êtes-vous donc si lasses
Je ne retrouve plus cet éclat qu’on oublie
Aveuglé encore de l’avoir vu qui passe
Et mon cœur qui se perd dans sa rumeur nocturne
Efface l’horizon d’une enfance accomplie
Et rêve du repos qui dort au fonds de l’urne
©hervehulin