Comme ce qu’ils nous montrent est bien un miroitement inversé de l’univers ou les silhouettes en ombre deviennent de chair, nous sommes souvent perdus dans l’admiration des médias et leur émerveillement.

On y voit des fantômes de gens au caractère entreprenant qui s’imposent d’eux-mêmes, qui se produisent eux-mêmes et qui parlent d’eux-mêmes sans jamais s’effacer; ils laissent croire qu’ils sont toujours consistants de parole comme ils sont toujours    légitimes dans ce qu’ils taisent; ils savent percer l’écran, joindre vos cœurs, gagner vos idées et parviennent de la sorte, à force à multiplier les paroles et les images, à atteindre les oreilles de ceux qui nous gouvernent. Ces essaims d’ectoplasmes soudain remplis de leur propre sable s’en trouvent alors trop heureux d’en être entendus, et comme encore fortifiés dans leur vibration, car ils ont de commode pour les puissants que ceux-ci les supportent sans conséquence tel le plus petit insecte sur le cuir d’un pachyderme; mais bientôt, d’un frémissement de cuir ou d’un battement de queue, le grand animal s’ébroue, si bien que ceux-là qui croyaient avoir approché son oreille disparaissent, leur notoriété se dissout dans leur régression, leur gloire dans leur discrédit, mais toujours si riches et si célèbres que le monde, continuant d’ignorer qu’il a été trompé d’illusions, revient à son indifférence en attendant d’être à nouveau agacé par d’autres insectes qui les suivront.

 

 

©hervéhulin2023