Continuité du service public.

Aristippe est haut placé dans les affaires publiques, grâce à son talent et son travail. Cette position méritée est à présent le juste reflet de son autorité. Celle-ci rayonne dans un vaste bâtiment, pourvus de bureaux, d’annexes et d’offices, reliés d’immenses couloirs nourris de cours et d’alcôves. Aristippe trône au sommet, dans un vaste bureau, au dernier étage avec terrasse. De là, des jours entiers, et parfois, une partie des nuits, il travaille, décide, délègue, planifie et arbitre. Pour accomplir sa mission, il a autorité sur quatre sous directeurs, quatre chargés de missions, trois secrétaires et un chef de cabinet qui a le rang de sous-préfet ; sous la hiérarchie de tous ceux-ci, il a onze chefs de bureaux, neuf chefs de circonscription, et trente attachés d’administration, qui ont chacun un adjoint de catégorie A ; l’ensemble de ces bureaux regroupent plus de six cents fonctionnaires et agents contractuels ; il y a également quarante-deux rédacteurs, dix-huit logisticiens, treize comptables, deux architectes, cinq ingénieurs, et huit assistantes sociales aidées de quatre médecins, six psychologues et six infirmières; et ceci pour le premier niveau de fonctionnement ; au second niveau, sur « le terrain »,  soit dans les unités territoriales qui font le service opérationnel , ce sont plus de trois centuries de fonctionnaires, avec entre autres, onze enseignants, trente éducateurs, et  encore vingt-deux secrétaires, et aussi huit cuisiniers, et en plus de cela, tout un manipule d’experts, d’érudits, d’esthètes et de penseurs, de consultants et de conseillers,  d’astrologues, électriciens, dessinateurs, devins et maçons, et autant de mules pour acheminer le matériel. Il a un chauffeur à sa disposition permanente avec une voiture de fonction pour tous ses déplacements professionnels. Toute cette nation travaille avec élan sous le commandement droit et bienveillant d’Aristippe.

On peut se demander bien sûr quel est donc le métier d’Aristippe… Peu importe, car un jour, son cœur s’arrête. Non pas qu’il meure, loin de cela. Les grands dieux qui forgent les carrières et jugent des ambitions ont tranché qu’il irait achever les siennes dans un corps d’inspection de prestige. Tout ce peuple d’hommes et de femmes en est étonné le temps qu’il convient, et près d’en être affligé pour certains. Ce suspens n’a qu’un temps bref.

Puis Théramène est nommé, lui succède et reprend le titre. Sous son autorité, il dispose, pour accomplir sa mission, de cinq sous directeurs, de cinq chargés de missions, quatre secrétaires etc. (ad aeternam) …

 

 

 

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