Des choses brèves qui vous tiennent captif délicieusement.

Une femme jeune qui, dans la rue, va très vite, et vous croisant, vous jette un regard vif, le détourne et vous regarde encore quand vous croyez qu’elle est passée;

Le corps musculeux d’un chien boxer, si rare de nos jours, qui suspend tout à coup sa démarche dans une pose étonnamment féline, de sorte qu’on oublie son faciès épais;Le son du violoncelle qui ouvre le tissu du silence, aux première notes;

Des jeunes filles qui marchent par deux, sans rien dire, partageant le même regard rêveur;

La posture un peu rebelle et de côté des petits enfants, connue et attendue;

A l’envers du genou des femmes, le creux de la jambe et son étonnante fossettes, surtout lorsque le printemps les libère à nouveau;

La nuque féminine, juste mise en valeur par un chiffon ou une coupe courte, mais jamais quand elle est montrée;

Une phrase de musique, à peine entendue et si vite interrompue, que l’on reconnaît comme familière avant même qu’elle s’éteigne, quand le cerveau la maintient vivante dans l’esprit et donne le désir d’écouter l’oeuvre entière une nouvelle fois, ici et tout de suite.

L’odeur d’un livre neuf, juste défloré, qui ne durera pas.

 

©hervéhulin2022