Dans mon ciel à ce jour
Six sphères chacune isolée
Naviguent doucement sur la brise tremblante
Six sphères éloignées du jour
Ma jeunesse avide et souriante
S’enivre à leur cristal moiré
La première bleue toute douce
Parle aux enfants comme une mère
Autour de mon cœur sa lumière
Ombrage et ravive ma source
Des miens elle est l’astre repère
Qui sème l’amour dans sa course
La seconde est bouche d’or
Son verbe est haut comme un diamant
Son éclat est souvent si fort
Que je m’y blesse en l’approchant
Mais ce mal enfante un trésor
Qui me capte comme un aimant
La troisième est une rivière
Blanche où des flots de sphinx s’abreuvent
Nul ne sait d’où vient sa lumière
Qu’on n’ait trouvé le sens du fleuve
J’y ai cherché des nuits entières
D’un beau secret la moindre preuve
La quatrième est univers
Et brasse des mondes nouveaux
Ses cieux n’existent qu’à l’envers
Des mirages de mon cerveau
Je m’en nourris et je m’y perds
Comme un cyclone en ses anneaux
La cinquième O Ma symphonie
Est flamme folle et rougeoyante
Elle est une arche inaccomplie
Où les corps des étoiles lentes
Brûlent dans l’heure inassouvie
Comme un reflet que l’eau enfante
La sixième n’existe pas
C’est bien la plus terrible chose
Dans cette vie toujours anxieuse
J’attends cette métamorphose
Et le nom de l’ultime sphère
La véritable et mystérieuse
(Extrait de « L’Herbe de Lumière » – II. Interlude. ).
©hervehulin