Mauve et tranquille
Figé dans son reflet
Le soir comme un songe essoufflé
De l’étang ravit le miroir
Et moi j’envie le soir

Je suis le porteur d’eau
L’ombre ployée qu’effleurent les roseaux
Mon échine lasse et docile
Epouse le tracé courbe des saules
La lourde jarre hissée à mon épaule
Chantonne combien nous sommes fragiles

Combien nous sommes fragiles
Nos jours sont d’un sable indocile
Comme le soleil tremble au fond de l’eau dormante
Le temps que nous volons est une arche d’argile
Une idole pensive au regard qui s’absente
Le soir dans l’eau sombre son halo s’annihile

Et moi cristal rêveur j’envie le soir qui passe
Je hume le rivage et sa fraîcheur facile
Je pense aux hommes las que la vieillesse enlace
Ou rend sage je rêve de soleils graciles
Et tremblant d’amour au tréfonds de l’eau froide
Je pense aux fleurs d’eau que la jarre tient captives
Quand pourrais-je vivre en chair mes désirades
Je suis le porteur d’eau et l’âme est fugitive

 

 

©hervehulin2021