Il est fréquent d’être porté par un esprit de morale et le souci de faire le bien quand on contemple nos semblables, et leurs travers et leurs vices dans toutes les facettes de leurs conditions, toutes les apparences des sociétés, sur toute l’étendue de la planète. Combien de crimes et de renoncements devons-nous supporter chaque jour de la part de cette espèce qui est la nôtre ? Mais ne reprochez pas au genre humain et aux hommes et aux femmes qui le composent d‘être veules, cruels, égoïstes, violents, cupides, bornés, incultes, fanatiques, avares, absents, sauvages, dispendieux, bref, détestables en tout point, car n’oubliez pas que vous êtes de la même substance ; nous partageons ainsi cette médiocrité comme un commun patrimoine. De ce flux noir qui ne cesse de ramifier, il n’y a pas lieu de désespérer absolument : si l’être humain est capable de quelque partage que ce soit avec ses semblables, il ne saurait être si mauvais qu’on ne le croit.