I
Et l’idole dolente, au tapis haute lisse,
De ses métaphores illicites, nouait
Mes nuits. Elle, idole dolente au goût d’épices,
Filait la passion de mon destin détraqué.
Elle me brûla du feu de ses nonchalances,
Quand la lune brillait au glabre macadam.
Notre insomnie jeta ses filets de jactances
Tandis qu’une élégie proférait son ramdam.
Ma famine ignée sur ses mammes souveraines
Murmura l’incendie. Son ventre devenu
Parfait athanor, le ventre de la sereine
Scellait les reliques de sa sainte vertu.
Du ciseau des baisers, l’idole en sacrifice,
Elle, idole dolente, au tapis haute lisse…
II
Une vache crème divague. Un pieux ascète
S’abîme et un défunt passe sur le capot
D’un rik-cho casse-cou. L’éléphant chauve tète
L’eau lustrale et crade où se baigne un vieux manchot.
Un hibiscus carmin s’évapore en coulis
Du front de l’apsara. Une lointaine cloche
Fêle les ténèbres et un hymne alangui
Résonne, pur écho dont le reflet ricoche.
Sur l’eau une aigrette blanche aux aguets claudique.
Une brise élève, Ô grâce ! le cerf-volant,
Faufile la brume en fils de soie, lorsqu’oblique
Le jour mesquin et que bruisse un fleuve écumant
De bactéries. Tandis que le soleil se lève,
Je m’époumone d’un mantra, et Brahma rêve.
III
Quand logé à l’enseigne de mes élégies
Je songe, je décode ces chants,
Plus traîtres qu’une passe au jusant
De marée basse. J’ai mémoire d’égéries
S’allongeant au ponton des vieilles élégies.
Je songe, je décode leurs chants,
Plus tristes que le cri des chalands
Larguant l’amarre, ou un poète, une égérie.
Pourquoi ma vie n’est que l’amour que j’ai pour elle ?
N’ai-je versé assez de gabelle ?
Eau vierge à ses paupières ouvertes,
J’ai cueilli les fruits mûrs de nos nuits sans sommeil.
Adieu, moissons des saisons offertes !
Adieu, goût d’outre-mer à ses lèvres groseille !