La sensation de bien-être que provoque la pluie sur les feuilles, la surprise d’une odeur aigre-douce saisie dans la rue, le bruit doux d’un moteur dont la rumeur s’efface lointaine derrière la ville, ont une cause lointaine que nous ne connaîtrons pas sitôt passé l’instant de cette intimité. Mais restera l’effleurement d’une familarité heureuse, un sentiment de reconnu pour émerger de toute la gamme des secrets que nous avons ignorés en nous comme autant de vérités dont le sens et la portée nous restaient indistinct, comme l’effet d’un langage dont on croyait ignorer la syntaxe et les codes élémentaires alors qu’un rien de passage aura suffi à nous en rendre le verbe parfaitement audible ; le monde s’ouvre alors à nouveau, animé d’une myriade de minuscules connexions qui font soudain que tout ce qui paraissait anodin, médiocrement invisible, trop quotidien pour nos aspirations, est à nouveau resplendissant.