Le sage est toute en mesure, quand le sot prolifère.

Le sot s’exprime sans limite car il a quantité de choses à dire sur tout ; sa soif d’à-propos ne tarit jamais, et chaque évènement du monde attise en lui cette fureur de donner son avis.

Quand un sage aime patienter que le fruit soit mûr, le sot ne montre que la rage de l’avaler en maudissant cette si lente nature. Là où un homme sage saura trouver quatre mots pour adresser à tous une vérité nouvelle mais simple, l’esprit sot aura une envie irrépressible de se soulager de centaines de paroles et d’attirer l’attention par toute une multitude de couches successives, et ne cessera de ressasser des formules apprises et bien pauvres, et qui seront sa fierté, et qui tiennent lieu de couleurs. Du plus clair vers le plus sombre des idées pauvres, à partir de l’aplat de sa nullité, il en noiera l’espace et la durée, pour finalement tout gâter de notre tranquillité. C’est la raison pour laquelle le flux des opinions qui a fort endommagé l’honnêteté des esprits et le goût de la vérité, ne finit jamais. L’imbécilité des idées est douée d’un mouvement perpétuel qui, tel un aimant, attire les uns vers les autres et rassemble tous ceux qui en sont animés ; de sorte que les rassemblements d’imbéciles émettant toujours de l’esprit, l’essaim, éternellement nourri, n’aura de cesse de voler qu’il ne couvre le ciel et gagne l’univers.

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